VINCENT DE GAULEJAC

El núcleo del presente libro, a través de numerosos testimonios reales y una profunda investigación del universo de la gestión, intenta desvelar el lado oscuro de nuestra -en apariencia- rutilante sociedad: por un lado, la busqueda de la calidad total y el perfeccionismo, que cada dia esta mas impregnada en el mundo de la empresa; por otro, el estres permanente, las inadaptaciones fisicas y psiquicas, el desgaste interno de los que se consumen en la obsesion de la productividad. Sin embargo, y paralelamente, otro movimiento va tomando fuerza: aquel que reflejan los autores de este libro, aquel que se preocupa de la dimension espiritual de la empresa, intentando conferir a esta un status de instrumento necesario para el desarrollo personal.

La vergüenza es un sufrimiento tan fuerte que es natural que se hable poco de ella. La humillación lleva a callar las violencias sufridas, a replegarse sobre sí mismo, a cultivar un sentimiento de ilegitimidad, a sentirse como menos que nada. El malestar que se experimenta ante la vergüenza ajena conduce, la mayoría de las veces, a tomar distancia, a negarse a comprender aquello que molesta. Escuchar a aquellos que tienen vergüenza se hace difícil. Estas dos actitudes se refuerzan y complementan. El malestar de unos contribuye al rechazo de otros y al silencio de todos. Esta obra quiebra ese círculo de silencio favoreciendo una mayor comprensión, una mejor escucha de las múltiples facetas de la vergüenza. Detrás de esta última se esconden tesoros de amor, de sensibilidad y de humanidad que no llega a expresarse. Comprender, escuchar, decir la vergüenza es liberarse de buena parte del sufrimiento que causa.

La honte est une souffrance sociale et psychique douloureuse. Elle conduit, le plus souvent, à une mise à distance, à un refus d'entendre ce qui dérange. Cet ouvrage veut favoriser une meilleure

Vincent de GaulejacSous une apparence pragmatique, la gestion constitue une idéologie qui légitime la guerre économique et l'obsession du rendement financier. Les " gestionnaires " installent en fait un nouveau pouvoir managerial. Il s'agit moins d'un pouvoir autoritaire et hierarchique que d'une incitation à l'investissement illimite de soi dans le travail pour tenter de satisfaire ses penchants narcissiques et ses besoins de reconnaissance. Il s'agit d'instiller dans les esprits une representation du monde et de la personne humaine, en sorte que la seule voie de realisation de soi consiste à se jeter à corps perdu dans la " lutte des places " et la course à la productivite. Or, pour comme pour mieux assurer son emprise, cette logique deborde hors du champ de l'entreprise et colonise toute la societe. Aujourd'hui, tout se gère, les villes, les administrations, les institutions, mais egalement la famille, les relations amoureuses, la sexualite. Le Moi de chaque individu est devenu un capital qu'il doit faire fructifier. Mais cette culture de la haute performance et le climat de competition generalisee mettent le monde sous pression. Le harcèlement se banalise, entraînant l'epuisement professionnel, le stress et la souffrance au travail. La societe n'est plus qu'un marche, un champ de bataille insense où le remède propose aux mefaits de la guerre economique consiste toujours à durcir la lutte. Face à ces transformations, la politique, à son tour contaminee par le " realisme gestionnaire ", semble impuissante à dessiner les contours d'une societe harmonieuse, soucieuse du bien commun. Peut-on neanmoins echapper à l'epidemie ? Peut-on repenser la gestion comme l'instrument d'organisation et