Ce livre est une version entièrement remaniée de l’ouvrage Le pouvoir des mots, paru aux éditions La Dispute en 2010, et aujourd’hui épuisé. L’ensemble des chapitres est réécrit et actualisé avec de nouveaux exemples récents (par exemple l’expression « le grand remplacement » apparu sous la plume d’un écrivain d’extrême-droite en 2011 ou le lapsus « Une loi du sièxe euh une loi du siècle » d’un homme politique en 2015) et une première partie, entièrement inédite, qui développe la conception des pratiques langagières défendue par l’auteur. Ainsi remis à neuf et étoffé, il constituera la meilleure introduction à l’analyse linguistique et politique du pouvoir des mots dans notre vie quotidienne.
Le double serment d’Obama, les paroles de sorcellerie, le lapsus de Robert Accoyer, les joutes verbales, les phrases historiques du général de Gaulle, les slogans des défilés ou encore la langue du troisième Reich, voilà quelques-unes des manifestations du pouvoir des mots qui sont analysées dans cet ouvrage. Il explique par exemple pourquoi et comment catégoriser socialement un jeune Mohammed comme étant un « enfant d’immigré », voire « un étranger », alors qu’il est né en France, constitue une violence symbolique quotidienne redoutable pour cette personne, et configure la représentation qu’il a de lui-même et bien sûr celle aussi de ses copains, de ses enseignants ou plus tard de ses employeurs. Il part du constat que nous sommes souvent confrontés à des discours, à des écrits qui ne sont pas seulement énoncés pour nous communiquer des informations, des sentiments, des connaissances, mais aussi pour exercer une pression, une influence sur nous-mêmes : lorsque autrui veut nous faire agir ; nous persuader ; nous enrégimenter ; nous nommer ; nous imposer des conduites ou des pensées, etc. Au fil des chapitres toujours vivants et souvent drôles, le lecteur apprend à analyser ces situations sociales dans toute leur diversité au prisme des pratiques langagières qui y sont produites et associées.