Marie-Laure Delorme (Livres Hebdo, 1999) Portrait de Christian Oster. « Avant de s’asseoir, il dispose devant lui une pochette de couleur remplie de feuilles de papier : “ Ce sont des notes sur mes livres. Au cas où j’en aurais besoin. Je ne me souviens jamais de ce que j’écris. ” Rencontrer Christian Oster est une épreuve, entre ce que l’on peut répéter (“ ça, vous pouvez l’écrire ”), ce que l’on ne peut pas répéter (“ ça, il ne faut surtout pas l’écrire ”) et ce que l’on peut à la fois répéter et ne pas répéter (“ ça, mieux vaut peut-être ne pas l’écrire... ”). Excusé. Car Christian Oster est un excellent romancier. Par la seule force de son style, il réussit à bâtir des univers à la fois atypiques et quotidiens, singuliers et réalistes. Des univers ouverts à tous les possibles. Il y a, dans chacun de ses livres, une extraordinaire fluidité d’être. Né en 1949, Christian Oster s’est tourné vers la littérature par nécessité. Vouloir écrire bien ce que l’on dit mal. “ Je me suis lancé par inhibition. Un début, en somme, classique : ce besoin de se confier à la page blanche. ” Il est surveillant dans un lycée puis vendeur dans une librairie avant d’en être licencié. Durant cette période de chômage, à laquelle il mettra fin en devenant correcteur, il écrit des polars pour le Fleuve noir. Est-ce bien sa vocation ? “ J’en avais déjà écrit un pour Libération. Mais ils me l’avaient renvoyé en me disant que c’était, non pas un polar, mais de la science- fiction. ” (…) Il s’apprête à écrire son quatrième policier lorsqu&