Maylis de Kerangal

«Les petits cons de la corniche. La bande. On ne sait les nommer autrement. Leur corps est incisif, leur âge dilaté entre treize en dix-sept, et c'est un seul et même âge, celui de la conquête : on détourne la joue du baiser maternel, on crache dans la soupe, on déserte la maison.» Le temps d'un été, quelques adolescents désœuvrés défient les lois de la gravitation en plongeant le long de la corniche Kennedy. Derrière ses jumelles, un commissaire, chargé de la surveillance de cette zone du littoral, les observe. Entre tolérance zéro et goût de l'interdit, les choses vont s'envenimer... Âpre et sensuelle, la magie de ce roman ne tient qu'a un fil, le fil d'une écriture sans temps morts, cristallisant tous les vertiges.

Paula s'avance lentement vers les plaques de marbre, pose sa paume a plat sur la paroi, mais au lieu du froid glacial de la pierre, c'est le grain de la peinture qu'elle éprouve. Elle s'approche tout près, regarde : c'est bien une image. Etonnée, elle se tourne vers les boiseries et recommence, recule puis avance, touche, comme si elle jouait a faire disparaître puis a faire revenir l'illusion initiale, progresse le long du mur, de plus en plus troublée tandis qu'elle passe les colonnes de pierre, les arches sculptées, les chapiteaux et les moulures, les stucs, atteint la fenêtre, prête a se pencher au-dehors, certaine qu'un autre monde se tient la, juste derrière, a portée de main, et partout son tâtonnement lui renvoie de la peinture. Une fois parvenue devant la mésange arrêtée sur sa branche, elle s'immobilise, allonge le bras dans l'aube rose, glisse ses doigts entre les plumes de l'oiseau, et tend l'oreille dans le feuillage

"Le coeur de Simon migrait dans un autre endroit du pays, ses reins, son foie et ses poumons gagnaient d'autres provinces, ils filaient vers d'autres corps". Réparer les viv

"A l'aube du second jour, quand soudain les buildings de Coca montent, perpendiculaires la surface du fleuve, c'est un autre homme qui sort des bois, c'est un homme hors de lui, c'est un meurtrier en puissance. Le soleil se lève, il ricoche contre les façades de verre et d'acier, irise les nappes d'hydrocarbures moirées arc-en-ciel qui auréolent les eaux, et les plaques de métal taillées en triangle qui festonnent le bordé de la pirogue, rutilant dans la lumière, dessinent une mâchoire ouverte." Ce livre part d'une ambition la fois simple et folle : raconter la construction d'un pont suspendu quelque part dans une Californie imaginaire partir des destins croisés d'une dizaine d'hommes et femmes, tous employés du gigantesque chantier. Un roman-fleuve, " l'américaine", qui brasse des sensations et des rêves, des paysages et des machines, des plans de carrière et des classes sociales, des corps de métiers et des corps tout court.

«Le cœur de Simon migrait dans un autre endroit du pays, ses reins, son foie et ses poumons gagnaient d'autres provinces, ils filaient vers d'autres corps.» Réparer les vivants est le roma

Dès l'ouverture de ce bref roman, on prend le train en marche, en l'occurrence le Transsibérien, déj loin de Moscou, mi-chemin de l'Asie. Le long du corridor, se presse une foule de passagers de 3e classe bardés de bagages, d'où se détache une horde de jeunes hommes en tenue camouflage agglutinés dans la fumée de cigarettes, que le sergent Letchov conduit leur caserne d'affectation en Sibérie. Parmi eux, Aliocha, grand et massif, âgé de vingt ans mais encore puceau, et comme désarmé face aux premiers bizutages qui font partie du rituel de ces transports de conscrits. Il préfère s'isoler, lui qui n'a pas su trouver le moyen d'éviter le service militaire, qui n'attend rien de bon de cette vie soldatesque et sent la menace de cette destination hors limite. A l'écart, il commence échafauder les moyens de fausser compagnie son régiment. Mais comment se faire la belle coup sûr ? Profiter d'un arrêt la prochaine gare pour se fondre dans la foule et disparaître. A priori, il a tout craindre de son sergent, mais aussi des deux provodnitsa, ces hôtesses de wagons, en charge de la maintenance des lieux et de la surveillance du moindre déplacement des voyageurs. Une première tentative échoue. Aussitôt repéré, il remonte dans le train. Sa fébrilité suspecte a dû le trahir. Occasion manquée donc, mais sur le quai, Aliocha a croisé une jeune Occidentale qui va bientôt s'émouvoir de son sort : Hélène, une Française de 35 ans, montée en gare de Krasnoïarsk. Elle vient de quitter son amant Anton, un Russe rencontré Paris et récemment revenu au pays gérer un énorme barrage, un homme qu'elle a suivi par amour près du fleuve du même nom. Malgré les barrières du langage, Aliocha et Hélène vont se comprendre mi-mots. Toute une nuit, au gré d'un roulis engourdissant, ils vont partager en secret le même compartiment, supporter les malentendus de cette promiscuité forcée et déjouer la traque au déserteur qui fait rage d'un bout l'autre du train.

"La nuit s'est creusée comme une vasque et l'espace de la cuisine se met à respirer derrière un voile fibreux. J'ai pensé à la matière silencieuse qui s'échappe des noms, à c

«J'ai conçu Canoës comme un roman en pièces détachées: une novella centrale, "Mustang", et autour, tels des satellites, sept récits. Tous sont connectés, tous se parlent entre eux, et partent d'un même désir: sonder la nature de la voix humaine, sa matérialité, ses pouvoirs, et composer une sorte de monde vocal, empli d'échos, de vibrations, de traces rémanentes. Chaque voix est saisie dans un moment de trouble, quand son timbre s'use ou mue, se distingue ou se confond, parfois se détraque ou se brise, quand une messagerie ou un micro vient filtrer leur parole, les enregistrer ou les effacer. J'ai voulu intercepter une fréquence, capter un souffle, tenir une note tout au long d'un livre qui fait la part belle a une tribu de femmes — des femmes de tout âge, solitaires, rêveuses, volubiles, hantées ou marginales. Elles occupent tout l'espace. Surtout, j'ai eu envie d'aller chercher ma voix parmi les leurs, de la faire entendre au plus juste, de trouver un "je", au plus proche.»(M. de K.)

«Paula s’avance lentement vers les plaques de marbre, pose sa paume à plat sur la paroi, mais au lieu du froid glacial de la pierre, c’est le grain de la peinture qu’elle éprouve. Elle s’approche tou

Maylis de Kerangal conjures the same painterly realism her characters hope to achieve in paint" London Magazine"Evocative and exhilerating" Booklist"Maylis de Kerangal is mining a rich and individual seam" TImes Literary SupplementBehind the ornate doors of the Institut de Peinture in Brussels, Kate, Jonas and Paula begin their apprenticeship in decorative painting, the art of visual deception. An intense year of study will cement a friendship that lasts long after their formal education ends.Paula's initiation into trompe l'oeil will take her back through time and place as she strives for perfection. From her work on the film sets of Cinecitta to the prehistoric caves of Lascaux, her experiences will transcend artistic endeavour and gradually reveal something of her own inner world and the secret, unreachable desires of her heart.This is a coming-of-age novel like no other: an atmospheric and highly aesthetic portrayal of love, art and craftsmanship from the prize-winning author of Birth of a Bridge and Mend the Living.Translated from the French by Jessica Moore

Para escribir, pensé que había que captar ese canto que subsistía de un tiempo en que el libro no existía más que bajo su forma cantada y me dije que había llegado la hora de buscar a la mujer nómada. En un tren rumbo a Siberia la autora lee Los trazos de la cancion de Bruce Chatwin. Y nace la novela que tenemos entre las manos, novela songline que es a su vez un gozoso torrente de voz-palabra.Para el pensador Aby Warburg la historia del arte no responde a un tiempo lineal sino a uno ciclico, es la danza de una intrincada constelacion de formas que nacen, se repiten y permanecen. Kerangal propone algo similar en su novela canto; traza un paisaje surgido de sus recuerdos y asociaciones, que retrata tambien a la humanidad del presente, y que se aglutina en torno a la palabra mitica que la autora oye en la radio una noche de octubre de 2013: Lampedusa, antes referente literario y cinematografico, y desde ese momento simbolo de la falta de hospitalidad de Europa.Ese nombre, que alude a la catastrofe en que se hunde una barca de inmigrantes, perfila una figura que cobra vida tambien en otra imagen, esta cinematografica: la secuencia del baile de El Gatopardo de Visconti, protagonizada por ese Burt Lancaster (tambien el un emigrante, tambien nacido en una isla) que cruzaba piscinas como mares en El nadador de Fra...

«Finbarr repoussa la couverture, repoussa l'idée de la bière et du tabac, l'idée d'un tour au pub ou d'un racket crapuleux derrière les tanneries, il repoussa l'idée des filles de Belgooly. Il écarta tout cela et alors, il ne resta plus devant lui que l'avenir tout nu et qui n'en finissait pas.»Irlande, 1915. La nuit où Finbarr Peary décide de quitter le petit village misérable dans lequel il a grandi, un navire échoue près de la côte. Les décisions qu'il prendra alors bouleverseront le cours de son existence.Été 2003, une expédition nocturne s'organise sur les pentes du Stromboli. Deux amis, aux prises avec leurs vertiges volcaniques, tombent sous le charme d'une inconnue, Antonia. Cette rencontre pourrait bien précipiter leur chute a tous...

La Paula, en Jonas i la Kate es van conèixer a Brussel·les, a l'institut de Pintura. Buscant el seu camí vital, la Paula Karst ho havia anunciat als seus pares: «Hi aprendré les tècniques del trompe-

Una bellísima novela de iniciación, de amor y de amistad, que habla también de arte y de la necesidad de contar historias.  Una bellísima novela de iniciación, de amor y de amistad, que habla también

Tres días en la montaña, tres días para conocer lo secretos de la naturaleza y, también, descubrirse a uno mismo. El viaje iniciático de Bruno y su enigmático tío. El narrador es un joven de diez años, que considera a Bruce como una especie de tio envuelto en misterios. Tras tres años de silencio, el hombre ha venido a cumplir la promesa que le hizo al niño: tres dias en la montaña, tres dias para descubrir el mundo de las montañas. Pero este viaje tambien sera una oportunidad para descubrirse a uno mismo y, por que no, aprender a trazar su propio camino.

Simon Limbres mor als 19 anys en un accident de cotxe. És jove, esportista i tots els seus òrgans, excepte el cervell, estan intactes i sans: és el donant perfecte. I només vint-i-quatre hores despré

"Le cœur de Simon migrait dans un autre endroit du pays, ses reins, son foie et ses poumons gagnaient d'autres provinces, ils filaient vers d'autres corps."

Una magnífica novel·la on el cor és l'autèntic protagonista.¬Simón Limbres mor als 19 anys en un accident de cotxe. És jove, esportista i tots els seus òrgans, excepte el cervell, estan intactes i sa

Le Havre. Simon Limbres regresa con sus amigos de una adrenalínica sesión de surf. La camioneta en la que viaja choca contra un árbol. Poco después de ser ingresado en el hospital, el joven muere, pero su corazon sigue latiendo. Thomas Remige, un especialista en trasplantes, debe convencer a unos padres en estado de shock de que ese corazon podria seguir viviendo en otro cuerpo. Y salvar, tal vez, una vida. Este es el contundente arranque de la novela, que mantiene al lector en vilo hasta las ultimas lineas. En El intruso, un esplendido ensayo autobiografico, Jean-Luc Nancy narraba en primera persona la experiencia de vivir con un corazon ajeno. Kerangal aborda aqui el tema en una no menos esplendida ficcion literaria. Conoci a un enfermero coordinador de trasplantes, declara la escritora francesa, encargado de recoger el consentimiento de las familias, en pleno duelo. Quede conmocionada. Hay una forma de heroismo discreto en los donantes de organos que me parece mucho mas interesante que algunas figuras espectaculares de las que se nos habla sin cesar. En Reparar a los vivos, Maylis de Kerangal sutura con enorme maestria las palabras y las frases del cuerpo ficcional, en un relato de precision quirurgica sobre un trasplante cardiaco, cuya prosa sin duda acelerara nuestras pulsaciones.Esta novela fue la gran...

El puente de Coca, en una California imaginaria, es el sueño de cemento y acero de un alcalde megalómano. Un proyecto que surge tras una estancia en Dubái, donde el político experimenta un rapto místico ante la proliferacion de rascacielos, se contagia de la fiebre del progreso y decide propagarla en su ciudad. Pero la novela narra tambien la historia de todos aquellos que entretejen sus vidas con la construccion de la faraonica obra. Entre ellos, un minero chino de diecisiete años, una intendenta rusa, unos buscadores de oro, un conductor de gruas... Y, al mando, el jefe de obra, un ingeniero egolatra y alcoholico que surca el planeta de proyecto en proyecto en su afan de domesticar el espacio. Al ritmo de la construccion del puente, con el que el alcalde pretende acabar con el aislamiento economico del lugar, la novela discurre vital y violenta como la lucha entre los hombres y la naturaleza que estos tratan de conquistar. Galardonada con el Premio Medicis y el Franz Hessel.Un texto magnifico, trepidante, singular (Raphaele Rerolle, Le Monde).Original, palpitante, a menudo sorprendente, esta obra de arte acerca de una obra de arte es total (B. Quiriny, Le Magazine Litteraire).Un libro ambicioso y vibrante Una verdadera obra de arte ¡literario! (Delphine Peras, LExpress).