Michèle Gazier (Télérama, 18 septembre 2002) Il neige à Tokyo Jean-Philippe Toussaint raconte ici l’histoire d’une rupture sans cesse différée, qui hante deux amants. « Depuis son premier livre La Sa//e de bain, Jean-Philippe Toussaint explore à sa manière désinvolte et sérieuse les dédales de la vie intime. Pas celle que l''on étale dans les magazines à scandale, ou qu''on livre au creux de récits plus salés que sulfureux, mais celle d''un narrateur poète, rêveur, qui lui ressemble comme un frère. Cet homme-là a sensiblement son âge, et vit comme lui les choses ordinaires de la vie, parfois déconcertantes, drolatiques bu douloureuses... On l''a déjà vu faire des photos, veiller sur de jeunes enfants, vivre en Corse, voyager à Berlin ; on le retrouve plus funambule que jamais, à Tokyo où il accompagne Marie, sa femme. Celle-ci, styliste de renom, est invitée au Japon, où elle doit présenter sa collection et exposer des prototypes de ses modèles dans un musée. Le décalage horaire ajouté aux longues heures du voyage fait que le couple est passablement dans les nuages. D''autant plus qu''entre eux les relations sont tendues. À dire vrai, ils sont encore une fois sur le point de rompre. Ce voyage est peut-être le prétexte qu''ils se sont choisi pour consommer une rupture sans cesse rejouée, sans cesse différée, et qui les hante. Il a emporté avec lui un flacon d''acide chlorhydrique, comme d''autres glissent un couteau ou un revolver dans leurs valises. L''acide qui blesse contre l''amour qui meurt ? Le programme de Marie est bouclé et lourd. Le temps presse, le jour va se lever, et il ne lui reste que quelques heures pour se reposer avant que les Japonais ne prennent son séjour en main. Mais le sommeil ne vient pas et, dans la chambre d''un hôtel de luxe, l''homme et la femme se déchirent et font l&