Que faire de Marx ? Et pourquoi faudrait-il en faire quelque chose ? Après tout, on peut continuer à ne rien en faire, à l'ignorer, à l'éliminer de l'enseignement et de la recherche. Mais on peut aussi éprouver la nécessité d'apprendre quelque chose de lui - non point parce qu'il fournirait la doctrine et la croyance dont nous manquerions, mais parce que nous ne pouvons vraiment poser la question que soulève notre situation historique et sociale présente que dans la mise au clair de notre rapport à Marx, à ses questions comme à ses réponses. Tous les textes de Marx cherchent à articuler deux perspectives très différentes. La première est la logique du capital comme système achevé : il s'agit de dégager à la fois le mouvement inéluctable par lequel le capital se développe " en une totalité " qui " se subordonne tous les éléments de la société ", et le " jeu des lois immanentes de la production capitaliste " qui conduit le capitalisme à accoucher nécessairement d'un nouveau mode de production. La seconde est la logique stratégique de l'affrontement, c'est-à-dire celle de la guerre des classes, laquelle transforme les conditions de la lutte et les subjectivités des acteurs de la lutte. Le mode de penser de Marx met en évidence tantôt le jeu de l'action révolutionnaire dans l'histoire, tout en s'efforçant de le rattacher encore aux lois du mouvement de la société, tantôt le mouvement implacable d'un grand automate qui absorbe et se soumet toute la société en " brisant toute résistance ", tout en s'efforçant de présenter ce mouvement comme procédant encore de l'activité pratique des individus. Mais au lieu de garantir la cohérence et l'harmonie de la doctrine, ce même mode de penser a tendance à l'écarteler, selon que Marx s'attache à l'activité pratique des hommes ou le développement du capital. Comment ces deux perspectives trouvent-elles à se rejoindre ? Le " communisme ", sur lequel Marx a bien peu de choses originales à dire, et même peu de choses tout court, est la formule qui permet la résolution imaginaire de cette tension. Il est ce qui fait tenir ensemble le disparate des éléments de son oeuvre.
Ficha técnica
Editorial: Gallimard
ISBN: 9782070122646
Idioma: Francés
Número de páginas: 809
Encuadernación: Tapa blanda
Fecha de lanzamiento: 27/06/2014
Año de edición: 2014
Alto: 23.0 cm
Ancho: 14.0 cm
Especificaciones del producto
Escrito por Pierre Dardot y Christian Laval
Pierre Dardot es docente y filósofo especializado en la obra de Marx y Hegel. Es miembro del laboratorio Sophiapol de la Universidad de París-Nanterre y dirige el Groupe d’études du néolibéralisme et des alternatives (GENA). Junto a Christian Laval, fundó en 2004 el grupo Question Marx. En colaboración con este autor ha publicado varios libros sobre Marx y su obra, como Sauver Marx? (2007) y Marx, Prénom: Karl (2012), que han despertado el interés de los grupos de izquierdas en diversos países. Gedisa ha publicado la mayoría de los libros de ambos autores escritos conjuntamente como La nueva razón del mundo, Común, La pesadilla que no acaba nunca, La sombra de Octubre y Dominar. Ambos participaron en la creación del Grupo de Estudio sobre Neoliberalismo y Alternativas en 2018, cuyo trabajo desembocó en la publicación del libro colectivo Le choix de la guerre civile, Une autre histoire du néolibéralisme (Lux, 2021).
Christian Laval es profesor de Sociología en la Universidad de París X Nanterre y director del programa en el Collège international de philosophie. También es miembro del Centro Bentham e investigador asociado del Instituto de la Fédération Syndicale Unitaire. Está especializado en la filosofía utilitarista de Jeremy Bentham, sobre el cual ha publicado varias obras, como La escuela no es una empresa (2004), y en el análisis de las políticas educativas de inspiración neoliberal. Actualmente participa en las revistas Revue du MAUSS y Cités et La Pensée. Entre sus trabajos recientes destacan: L'Homme économique, Essai sur les racines du néolibéralisme (2007), La nouvelle école capitaliste (2011) y Marx au combat (2012).