« "Vous êtes tous ici parce que vous êtes accros à une chose ou une autre. Je vais vous expliquer comment ne jamais vous laisser piéger. Écoutez-moi, c'est simple : lundi alcool, mardi cocaïne, mercredi haschich, jeudi amphétamines, vendredi héroïne, samedi ecstasy, dimanche L.S.D., Noël et jours de fête quartier libre, morphine, éther, mescaline, tout ce que vous voudrez, avec ce régime, pas d'accoutumance." Jean ne sourit plus du tout. » La tentative de désintoxication du narrateur est le prétexte à une épopée turbulente avec son ami musicien, Charlie Wood, dans un Montréal sérieusement bonifié par le rock and roll et la « Blanche de Chambly ».
« Qu'est-ce que Memphis Slim peut bien faire au nord-est, dans cette zone désertique, ce n'est pas possible qu'il veuille éviter un si petit péage, surtout en Rolls Royce, et même en Bentley, d'autant plus que cet homme a la réputation d'être un sacré flambeur. L'archange a fait exprès d'égarer le monsieur pour qu'il passe devant moi, ça ne fait aucun doute. » Jeune guitariste devenu road manager de Memphis Slim, le narrateur d'Angie croise de concert en concert les plus grands bluesmen, Willie Dixon, Sonny Terry, John Lee Hooker... et les nouvelles figures de la vie londonienne, les Rolling Stones et tant d'autres... Avec Angie, David McNeil nous plonge dans les années soixante, une époque riche en mythes et symboles, celle des tournées de l'American Folk and Blues Festival, du rock, du psychédélisme naissant, qu'il fait revivre avec un talent et un rythme enchanteurs.
« C'était plein à craquer, des maçons, des peintres en salopettes prenaient le pousse-café au comptoir où nous attendions que se libère une table. Le menu était affiché à la craie sur un des miroirs, ce jour-là c'était une blanquette de veau. Papa portait une veste en velours et un béret serré comme celui d'Auguste avec bien évidemment une chemise à carreaux. On ne dépareillait pas du tout dans le restaurant où, très vite, on avait trouvé à s'asseoir. Les deux ouvriers à la table à côté ont regardé les mains de Papa, tachées de couleurs diverses, ces mains dont il disait souvent qu'elles étaient imprégnées jusqu'à l'os. Il avait alors plus de soixante-dix ans, mais avec son allure énergique et l'impression de puissance qui émanait de lui, il pouvait très bien passer pour un peintre en bâtiment. - Vous avez un chantier dans le coin ? demanda l'un deux. - Je refais un plafond à l'Opéra, répondit mon père, attaquant son œuf dur mayonnaise. »