Après coup, on ne peut pas s'empêcher de revenir sur les jours d'avant, comme pour prendre la mesure de son aveuglement d'alors. On se regarde ne pas savoir, on se regarde vivre alors que cela n'est pas encore arrivé, on s'étonne de ce fragile bonheur. Et ce sont tous les moments de la vie, toutes les joies et les souvenirs du passé que vient rétrospectivement infecter de son venin le jour où l'on a su. Ta photographie d'enfant joyeux est celle, a jamais, d'un enfant qui va bientôt mourir.» Gabriel, dit «Gazou», était l'un des fils de Pierre Jourde. Il est mort a vingt ans de son combat perdu contre la maladie. Sa figure radieuse et pleine de joie hante le récit de la dernière année de sa vie. Un texte poignant sur le deuil et l'amour paternel.
Cette silhouette fantomatique, aperçue sur le quai d'une gare, est-ce bien celle de François , l'ami de jeunesse rencontré dans une école religieuse de Clermont et disparu depuis vingt ans ? A partir de cette vision fugitive, la mémoire se met en marche. Qui était véritablement François ? Les souvenirs de l'enfance et de l'adolescence affluent, dessinant une personnalité déchirée, contradictoire, fascinante. Etait-il ce garçon cruel, machiavélique, qui a poussé ses camarades à commettre un acte dont la barbarie les hante encore ? Etait-il cet enfant solitaire élevé par une aïeule paysanne dans une maison noire dont les images l'obsèdent ? Paradis noirs est un roman sur le poids de la mémoire et de la culpabilité, sur les inguérissables blessures de l'enfance.