dans certains villages de catalogne, le nom du commissaire avelino pared éveille encore une terreur sourde. responsable de la répression à l'époque de la guerre civile, ce fonctionnaire secret officie maintenant dans une petite ville du nord de l'espagne : huesca, oú l'inspecteur laredo, nouvellement nommé, entrera bientôt en fonction. pour préparer leur rencontre, le jeune policier mène l'enquête, interroge d'anciens témoins, et pénètre peu à peu dans le silence glacé de l'époque franquiste. le voyage serait sans danger si l'histoire d'avelino pared, avec ses craquelures infimes, ses places sombres et enneigées, son enfance perdue, ne renfermait une énigme.
je ne rédige pas un essai, ni un ouvrage de critique. j'écris de coeur, dans une intimité trouble qui fut la nôtre, depuis le jour de notre rencontre. c'est à toi que je m'adresse, fédor. que pourrais-je donc t'apprendre sur toi-même ? ceci, peut-être, qu'un écrivain ne s'appartient pas : tu vis mêlé à mon sang, tes questions sont inscrites dans mes neurones. tu n'as jamais été un modèle au sens oú un artisan dérive de ses maîtres ; tu es mieux que cela : tu es un souffle que j'aspire. je n'aime pas tous tes livres, je ne suis pas un dévot. tu demeures cependant étroitement lié à ma vie, si bien qu'à l'instant d'écrire, je dois chaque fois me situer par rapport à toi, établir la bonne distance. je suis, fédor, l'une de tes créatures ; j'ai commencé par être un de ces enfants stupéfaits qui hantent tes livres. je t'ai rencontré vers treize quatorze ans, à barcelone, mais je t'ai reconnu au premier regard parce que je vivais en toi depuis ma naissance. ton nom, fédia, est imprimé sur la page de garde de tanguy, mon premier roman. qui mieux que toi pourrait me comprendre oe.
« Premier roman de moi publié, Tanguy fut-il aussi le premier que j'aie conçu comme un texte littéraire ? [...] Cette réimpression intervient peu de temps après la parution de Rue des Archives, qui en éclaire les aspects cachés, ce que de nombreux lecteurs n'ont pas manqué de relever. Les deux livres se répondent en effet l'un l'autre. [...] De Tanguy à Xavier, il y a plus que l'épaisseur d'une vie, il y a toute l'amertume d'un désenchantement, qui doit moins à l'âge qu'à la progressive découverte de l'horreur. Si je gardais, à vingt ans, quelques illusions, le sexagénaire qui a écrit Rue des Archives n'en conserve, lui, plus aucune. En ce sens, la boucle est bien bouclée. L'aveu étouffé de Tanguy fait la musique désenchantée de Rue des archives. [...] De l'un à l'autre, un seul lien, la littérature. Elle constitue, on l'a compris, ma seule biographie et mon unique vérité. » Michel del Castillo.