« Depuis octobre 1999, nous nous sommes vues régulièrement. Le rituel a été immuable. J'arrive à l'heure, je branche le magnétophone, et c'est parti. À ma demande, c'est elle [Dominique Rolin] qui a fixé les thèmes de nos rencontres : le doute, la question du double, les visages, l'amour... D'autres se sont présentés au fur et à mesure : la gourmandise, les chansons, des apparences... Elle m'avait dit au début : "On va faire un livre vrai", et, plus tard : "C'est une promenade dans un jardin." Nous avons échappé au jeu des réponses prévisibles aux questions convenues, nous avons pris tous les détours, laissé entrer le silence et les rires. Qui parle de travail ? Personne. Plaisirs, donc. » Patricia Boyer de Latour.
L'auteur du Journal amoureux nous parle avec une liberté insolente de la « divine comédie du bonheur de vivre ». De la célébration des trois Fêtes majeures : le vin, la musique, le sommeil. Elle réduit son ennemi, le Temps, à ce qu'elle appelle le « futur immédiat », c'est-à-dire des illuminations, des instantanés « insaisissables à première vue, jaillis en direct du fond de ma tête sans qu'il soit possible de les prévoir. Mais il faut faire vite : ils s'éteignent presque aussitôt pour me faire mal ou m'humilier. Aucun d'entre eux n'a le pouvoir de se fixer, fût-ce en éclair, dans un compartiment de ma mémoire. Ils veulent m'échapper, telle est leur vocation joueuse, malsaine : faire éclater à mon insu tout ce qui se dit, se tait par passion du mensonge ou de la vérité ». Pourquoi faudrait-il mourir ?