Rassembler, pour la première fois, les œuvres narratives de Bataille en un volume, c''est leur donner une nouvelle chance d''exercer toute leur force - de scandale, de libération, de désorientation. Mais ranger, avec ce que cela suppose d''ordre et de clarté, les écrits de Bataille dans des catégories « conventionnelles » n''est pas un exercice innocent. Ses textes échappent aux genres traditionnels. Bataille, pourtant, emploie lui-même ces termes, roman, récit, et il s''interroge en ouverture du Bleu du ciel sur « ce qu''un roman peut être ». Il y définit la fiction par ses fonctions : exprimer la rage de l''auteur, faire franchir au lecteur les « limites imposées par les conventions », dire l''excès, provoquer la transe. Chaque roman, chaque récit de Bataille est « un don de fièvre » (Ma mère). Ces romans et récits - érotiques, bien sûr, mais « il n''y a pas de mur entre érotisme et mystique » (Sur Nietzsche) -, sont ici « au complet ». Quand il existe plusieurs versions d''une même œuvre, on trouve en appendice au texte définitif la version originelle : notamment celle de l''Histoire de l''œil publiée en 1928, ou celle, manuscrite et inédite, du Bleu du ciel de 1935. Le projet Divinus Deus, vaste ensemble inachevé, a été réexaminé. Au corpus, enfin, s''ajoutent trois récits de jeunesse inédits. Et les illustrations d''André Masson, Pierre Klossowski et Hans Bellmer sont reproduites dans le texte lui-même, ou dans ses appendices.